Préambule. Les deux manières d'obtenir la victoire

 

Est vaincu celui qui se croit vaincu et abandonne. La victoire s'obtient par abandon.

Les deux manières d'obtenir la victoire sont, selon le besoin, la contrainte ou la conviction.

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Si vous avez un adversaire à contraindre :

 

Il faut le surprendre, rompre son dispositif et exploiter vivement cette rupture. Tout ce qui précède dans ce livre n’a qu’un but : exploiter cette rupture.

 

Si vous avez un interlocuteur à convaincre:

 

Selon Boileau, le succès vient de ce que vous mettrez les mots sur ce que votre interlocuteur pense sans pouvoir l’exprimer. Pour cela il faut préparer et engager les esprits en face. Toutes les techniques de manipulation reposent sur ce principe. Si vous faites face à un refus initial, Rockefeller, dans «L’art de se faire des amis », conseille de partir d’un point d’accord entre vous (ce que l’autre désire par exemple). Ensuite vous déployez votre argumentaire point par point en ayant bien soin d’obtenir un accord à chaque étape. Ceci tout en cheminant vers votre propre point de vue. Il ne pourra alors que l’approuver puisqu’il aura approuvé chacune des étapes précédentes.

1. SURPRISE

 

Vous ne vainquerez votre adversaire que s’il est surpris. Si possible dès ses intentions.

 

A vous d’imaginer comment surprendre dans les circonstances que vous rencontrez.

 

Réfléchissez avant d’appliquer une même tactique contre une ennemi : une fois il ne s’y attend pas. Deux, il s’est peut-être dit que nous ne serions pas assez bêtes pour recommencer. Trois, il est prêt. Il faut encore et toujours surprendre. 

 

3. RUPTURE

 

Selon le philosophe Jean Guitton, longtemps professeur à l’Ecole de Guerre, pour vaincre, il faut voir une discontinuité là où les autres ne voient que la continuité[1]. Les efforts seront concentrés sur cette discontinuité où vous appliquerez la supériorité locale. La surprise dont nous avons déjà parlé sera le moyen d’obtenir ensuite la rupture.

Un principe de rupture est de ne pas se placer au même niveau que l’adversaire : utiliser des hélicoptères contre des chars, être souple contre la force brute, manier l’humour contre l’agressivité etc…

 

L’ordre d’engagement des moyens dont vous disposez doit privilégier dans un premier temps l'action rapide et à longue portée. La vitesse, la portée, la supériorité locale, la dissimulation et le renseignement créent la « foudroyance ». Menée en une attaque décisive au bon endroit, elle obtient la rupture.

 

4. EXPLOITATION

 

Troisième étape après la surprise et la rupture, l’exploitation est la phase qui doit permettre d’arriver au but. Elle doit être vive, continue et aller jusqu’au bout de sa logique. Elle nécessite en général des moyens plus denses et malheureusement souvent plus lents que ceux ayant obtenu la rupture. La première guerre d’Irak fut un modèle du genre en commençant par un bombardement intensif puis une offensive de char puis enfin par l’occupation du terrain par l’infanterie.

Attention à ne pas pousser au-delà du point culminant : c’est le moment où nos forces décroissent inéluctablement par rapport à celles de l’adversaire.

 

5. SURETE

Le succès ne doit pas vous aveugler. Attention à la contre-attaque! L’adversaire a une volonté libre, il ne se laissera pas faire et appliquera contre vous les mêmes principes. Il existe donc un principe de sûreté. 

 

L’ennemi contre attaquera d’autant plus férocement qu’il n’a pas d’échappatoire. Sun Tsu conseille de ne pas l’acculer mais de lui laisser une porte de sortie honorable, ce qui est également vrai dans une négociation. A voir bien traités les perdants, les autres combattants hésiteront moins à se rendre. C’est ce qu’appliqua avec succès Saladin contre les Croisés.

 

Et logiquement, Sun Tsu conseille aussi de ne pas laisser d’autre choix que la lutte à mort à nos troupes, tel Hernan Cortès brûlant ses bateaux avant de partir conquérir le Mexique.

 

[1] Jean Guitton, « le travail intellectuel ».